La piscine Lyrics

Un soir tiède, trois hommes étaient venus

Ils ont frappé à la porte de mon domicile

Ils portaient des armes à feu et habillés en civil

Ma femme les a reçus, leur a souhaité la bienvenue

Les agents me demandèrent de bien vouloir les suivre

Que ce n'était rien de grave, un truc ordinaire

J'ai pensé à Kafka, à un procès imaginaire

Les enfants étaient inquiets, je n'étais plus libre

En passant la porte, ma femme nous a suivis

Un agent lui a dit : « Madame, ne vous en faites pas

Dans un Etat de droit, ici, on respecte la loi »

Julie était inquiète, mais j'ai souri à mon sursis

Un peu plus loin, un véhicule nous attendait

Nous étions happés par le noir du crépuscule

Le filet de la DDS a de ces tentacules

Ligoté, encagoulé, j'ignorais où l'on m'emmenait

Étendu dans le fourgon, partit ma souffrance

Quand j'ai demandé aux agents ce qui se passait

Coups de crosse et savate qui me répondaient

Ils m'ont cassé une côte, j'ai perdu connaissance

Je me réveillai dans le noir, le sol était glacé

Je pissais du sang et voyais des spectres

On torturait à côté, j'entendais par la fenêtre

Y avait des cadavres, des gens se mirent à prier

Puis la porte s'ouvrit, la lumière m'aveugla

Je vis se tenir debout deux gaillards costauds

Ils me firent « arbatachar », se montrèrent brutaux

Je subis les pires tortures que leur a apprises la CIA

Et des techniciens français, trop peu loquaces

Un agent a dit « tu as insulté le Monsieur président

Tu es un rebelle, chomorok et dissident

Toute ton ethnie est houmar, waldam kelib, masass »

Trois années passèrent : je compris l'ampleur

De la terreur DDS et sa « Piscine » sinistre

Mouroir républicain de personnes de tous registres

Crevant de faim, de maladies ou de chaleur

Ils ont électrocuté mes parties génitales

Arraché mes ongles, brûlé au visage

Persécuté les miens, massacré mon village

La peine collective est une politique tribale

Et ce 1er décembre, leur patron m'a explosé la tête

Le toubib a signé : mort de diabète