anonymes Lyrics

Parfois dans le tramway, je nous regarde tous

Un groupe d'inconnus, nous paraissons muets

Notre corps est en pause; étrangement liés

Nous formons un amas d'une même secousse

Parfois dans les gares, je nous regarde tous

J'observe, je guette chaque perdu visage

Qui, perplexe, cherche comment frayer passage

Chaque corps se débat, se presse, se repousse

Alors je me demande lors de ces courts instants

Si nous ne formons qu'un, ou si nous sommes seuls

D'un monde si anxieux qui nous condamne, esseule

Nos espoirs de partage qui nous animent tant

(qui nous animent tant)

Et je suis persuadée que dans ces moments-là

Chacun à tour de rôle, sans s'être concerté

Relève la tête, et songe inquiété

À quel point nous cherchons être connectés

Mais malheureusement ce monde parallèle

Loin de nous rapprocher, ensemble nous déprime

Et crée en sa faveur un amas d'anonymes

Les yeux absorbés et les doigts qui pianotent

Laissent l'impression que le temps se repose

Mais il court de plus belle et attrape les heures

Furtifs grains de sel d'un opaque sablier

Et la chance s'écoule, le bonheur s'évapore

Lorsque la solitude resurgit dans l'ennui

D'être sans paraître, dans ce triste présent

Car silencieusement, l'attente nous nuit

(l'attente nous nuit)

Et je suis persuadée que dans ces moments-là

Chacun à tour de rôle, sans s'être concerté

Relève la tête, et songe inquiété

À quel point nous cherchons être connectés

Et malheureusement ce monde parallèle

Fiction de chacun, subtile ritournelle

Crée en sa faveur un amas d'anonymes