On vivra Lyrics

Echoué

Sans visage

Comme un songe à la dérive

Le regard vide au fond de l'écuelle

N'avoir plus faim

Ni soif

Ni fin

Ni loi

Rongé par les bricoles

Qui désagrègent le temps

Rougis du sang coulant

Entre les fibres de mes muscles

Demain n'a pas d'écho pour un cœur amoureux

Qui ruine son trésor comme on plie sous un poids

Qui porte son esthète comme un chapeau de paille

Et gâche son peu de chance de s'ouvrir le zénith

Etreindre l'horizon comme on étreint un parent

Etreindre proche

Ami

Amant

Ce frère de sang sans qui le cœur ne bat

Les os se cognent

Les crânes sonnent

Charmé par le médiocre

Je connais l'indolence

Je sais le cœur ouvert à toutes insanités

Je sais la nuit et les hivers

Le froid et la terreur qui fait que l'on hiberne

Et je connais douleur yeux fermés

Ta colère fraiche poings embrasés

Les joues de tes ancêtres sous les coups de tes larmes

Je sais

Je commet

Je recommence

J'ai vu des passants

S'appeler sans savoir ce que les lettre murmures

Aiguiser leur ignorance sur les lames du savoir

Douter de son propre corps comme on doute de soi même

Que suis-je si je ne suis plus moi

Si mes pieds portent une autre tête

Puisque la mienne s'est accroché aux nuages

Au brouillard

A la brume

A la fumée jamais éteinte d'une révolte qui ne s'éteint pas

Que suis-je si personne ne comprend

Si personne ne suis mes pas vers d'autres royaumes

Et si

Les pas effacent les mots dans la poussière

Pourtant il faut bien que les pèlerins nous succèdent

Qu'ils pratiquent le chemin

Qu'ils déblaient le passage et déterre les haches

Qu'ils rempotent les croyances et y plantent des silences

Je sais

Je vois

Je recommence

Homme parmi les hommes

Bergers de tous les pâtres

J'épèle mon nom sous les failles de mon être

J'appelle survivance le chaos qui m'entoure

Tracé sur les brouillons

Brouillé de solitude

Je suis cette part du tout sans qui l'on ne peut rien

J'ai vu les cimetières

Leurs langues se répandre

De la mort à la souche

De la source à la décomposition multiscalaires de nos chairs

Demain sans plus de plaies que la nuit n'en a fait

Demain sans plus de vices que l'éternité

La porte s'est ouverte

Je donnerai tout jusqu'à la tête de ma plume

Figée dans le corps du papier

Un cratère d'encre noire sur la feuille laissée blanche

Le courage se conquiert à la pointe de la vie

Et je commence

Je me préserve de toutes les dernières fois en souriant radieu

Je sais que je crois

Je préserve intact ma verve et ma mâchoire

Œil et phalange montés

Je sais qu'on vivra

Enfin je crois

Et pourquoi pas si la mer ou la neige plonge dans nos yeux

Et pourquoi pas si nos mains enlacées défient les mains enlacées

De ceux qui n'ont jamais formé de chaine humaine

A défaut du silence

Paumes contre paumes

Nos regards

Sont nos mots

Et nos mots francs résonnent