Max Lyrics

Max s'éternise sur la couverture d'un magazine

Il revoit cette fille qu'il a troquée pour une aspirine

Elle souffle

Un air de rien

Un air de sorbet mandarine

Max chiffonne sa compagne en papier glacé

Soigneusement déchirée, roulé en boule, papier mâché

Max

A lentement tout avalé

Elle restera

La fille de la quatrième de couverture

Elle restera

Dans son ventre à tête de caricature

En attendant qu'il la digère

Max fait le tour de son imper

La pluie lui donne des ailes

La pluie le fait courir

La pluie le fait danser comme Gene Kelly

Dans cette ville obscure ou les femmes ne sortent plus seules

Max déambule

De bar en zinc

De zinc en bar

De bar en zinc

De zinc en bar

Max se rappelle de cette fille qu'il chevauchait

Elle avait les jambes peu parallèles pour s'envoyer au ciel

Le triangle de ces nuits ouvert à qui la pelle

Max dégouline

Sur la devanture d'une vitrine

Une paire d'escarpin rouge taille trente-six lui fait de l'œil

Il bouge,

Son œil rouge dans son orbite

Son œil de verre, son œil unique

« Pense à autre chose, Max »

Dit l'œil aux pouvoirs magiques

Dans l'écho d'une fibre optique

Il est temps de fuir cette vitrine et l'escarpin taille trente-six

Dans cette ville obscure ou les femmes ne sortent plus seules

Max déambule

De bar en zinc

De zinc en bar

De bar en zinc

De zinc en bar

Trop tard !

Pour boire un verre

Les bars sont démontés

Parallèles aux rues d'à côté

Trop tard pour une rencontre

Une frimousse qui rassure

Une paire de bas sous l'oreiller

Un petit pied dans une chaussure

Trop tard

Pour s'arrêter

La pluie régurgite ses idées grises

Max mouille dans la torpeur du samedi soir

Il dramatise sa vie de fiel qui dégouline dans la ruelle

Entre les bars et les zincs

Max

Sent son ventre gonfler

Son ventre s'alléger

Comme une montgolfière

Son ventre devient immense

Immensément immense

C'est une boule énorme remplie d'air

La photo de la fille en papier mâché qu'il a avalé

Grandit, grandit, grandit

Prend toute la place dans son ventre

Envahit son estomac

Et c'est son corps tout entier qui se transforme en montgolfière

Et max

Au d'sus des zincs

Au d'sus des bars

S'envole

Plus haut que les bars

Que les immeubles

Que ses idées grises

Plus haut que la pluie

Max est désormais dans les nuages

Loin du zinc et loin des bars

Loin des jambes nues,

Des pieds menus

Habillés d'escarpins taille trente-six

Max est loin

Hyper méga supra naturellement loin

Du sol et des trottoirs

Grace à la fille du magazine max s'envole au-dessus des usines

Il voit les cheminés ruminer les vapeurs de la ville

Les maisons vides

Ou trop pleines

Les fourmis qui sortent des immeubles

S'empressent dans des voitures

S'entassent dans des bus

Pour aller vite,

Plus vite

Dans d'autres immeubles

Les fourmis qui sortent tous les soirs

Se précipitent dans des bars

Et ressortent un peu plus tard

Des fourmis qui dorment, qui mange

Qui font des petites fourmis entre deux gares

Des fourmis qui mangent des fourmis

Toujours poussé par l'air de la fille du magasine

Max est plus haut que le ciel

S'adonne aux joies du soleil

Il fait chaud

La température de Max monte, monte

Ce fou de Max se sent bouillir

Son cerveau commence à ramollir

Ses ailes fondent, ses plumes grillent

« Dur, dur sera la chute »

Ricane la fille de la quatrième de couverture du magasine

Il est bientôt six heures

« Max, tu dois retourner à l'usine »

Il n'y a pas de magasine

Pas de filles dans ton ventre

Ce n'est que le soleil qui t'attire

Ou les fourmis qui te font fuir

Il n'y a pas d'air pur dans ton corps

Pas de montgolfière pour changer de décors

La pluie de ne cesse et s'entretient

Jusqu'à demain, après-demain

Les fourmis se croient fourmidables

Derrière la ville il n'y a rien

Derrière la ville il n'y a rien